Storyboard et dialogues du volume 1 terminés

Pour ce projet, j’ai été très ambitieux, notamment dans l’élaboration d’une intrigue sur pas moins de 84 ans (un cycle d’Uranus, donc), en me basant sur un lore complexe se déroulant sur des millénaires. En entamant l’écriture du premier volume, j’avais donc à gérer pas mal d’informations, avec la tentation de saupoudrer, plus ou moins, d’indices, de références, de petites graines à twist, au choix. J’avais aussi fait le choix, cette fois, de commencer par les dialogues et non par le storyboard, ma méthode de jeunesse.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que j’en suis revenu… mais en jetant un rapide regard en arrière, je me rends compte à présent des constants embranchements qu’a connu le projet depuis un an. Il y a toujours un abîme entre l’idée et sa réification, des fois pour le meilleur, des fois pour le pire, et c’est pourtant, toujours, un immense plaisir que de rendre concrètes les choses intangibles de la pensée. Tout à l’heure, en faisant un énième bilan du projet, je me disais ça. Je me suis lancé sur le volume 1 avec un brin de frénésie et pas mal de foi, sans vraiment savoir où j’allais. Il y a d’ailleurs une différence notable entre ma première estimation et celle qui est fermement définie, à l’heure et au jour où j’écris ces lignes. J’avais imaginé pas moins de 150 pages pour le premier volume, par rapport aux dialogues que j’avais alors écrits. Je n’apprécie guère les BD qui souvent pêchent par orgueil de vouloir imiter la puissance de la littérature, car pour moi elles doivent demeurer des œuvres plus légères, moins denses, moins sophistiquées (au sens littéraire/littéral du terme) que son illustre aîné. C’est bien entendu ouvert au débat, mais très personnellement je cherche toujours l’évasion et le mouvement que fournit une narration imagée. C’est pour ça que j’adorais très très jeune les comics, puis qu’après j’ai été enthousiasmé par les manga. Je trouvais alors la BD francobelge monolithique et un peu sclérosée tant dans la forme que dans le fond.

Il y avait quand même des BD qui m’avaient emballées, comme le Vagabond des Limbes, la saga de Laureline et Valérian (les Héros de l’Equinoxe, l’album qui m’a profondément marqué), mais c’est vraiment dans les comics puis les manga que j’ai apprécié un certain souffle, une certaine idée de la temporalité. Je parle d’un temps où les héros mourraient encore, et n’étaient pas constamment ressuscités pour convenir à des ambitions trop souvent mercantiles ! Bref, bien que connaissant le piège ou la tentation au choix, j’ai fini par y tomber ou céder, au choix. Des dialogues trop longs, trop ampoulés, trop appuyés, pour de l’action souvent restreinte à la part congrue. Je me suis interrogé, un temps, si ça ne correspondait pas à une certaine lassitude, personnelle, devant tant de productions qui privilégient l’action aux dépens du reste.

Après, j’avais aussi l’obligation et la difficulté d’introduire des concepts relativement complexes… c’est pour ça qu’en relisant les premières pages, je regrette à la fois de ne pas débuter par une grosse scène d’action tout en me disant que c’était aussi ma volonté, claire, de poser le récit dans une dimension plus contemplative, moins putassière, si j’ose m’exprimer ainsi. Mais malgré mon intention, j’avais quand même la sensation, parfaitement duale, de me mentir à moi même. Car si j’adore mater un film de Claude Sautet, j’adore aussi mater une péloche d’action comme Edge of tomorrow (j’y pense car j’ai appris à regret qu’apparemment une suite avait été prévue, ce qui ne semble plus d’actualité). Je n’ai pas envie de créer une BD prétentieuse ou trop abstraite ou trop simpliste… j’ai envie de proposer un récit populaire, ludique, fun, mais avec assez de profondeur pour procurer à mon lecteur de quoi rêver et s’amuser. Donc, en arrivant à la page 15, force était de constater qu’il n’y avait pas assez d’action… ça parlait, ça expliquait, ça allait aussi très vite… et n’ayant pas réalisé le storyboard, je n’arrivais absolument pas à visualiser mon propre récit. Hop, retour aux bonnes vieilles méthodes… et process achevé ce matin dans la nuit, avec une structuration qui me plaît. Après, et j’ai encore besoin d’analyser pourquoi, j’ai constaté que ma manière de travailler le storyboard a également très rapidement évolué, mais j’y reviendrai plus tard.

Ce matin, petit travail de recherche sur les forteresses minoennes, vu que le palais de Thébai s’en inspirera… et donc phase 2 pleinement initiée. Petit billet après une longue pause car j’ai à coeur, aussi, de partager cette aventure créative qui me rend particulièrement et profondément, heureux.

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