Et le gouvernail alors ?

Je me suis lancé dans la création des pages assez rapidement, toujours dans l’effervescence de tout ce qu’il y avait à faire. Au bout d’un an, je suis assez bluffé par ma productivité mais quelque part j’avais placé la dragée plus que haute. Mais le prix d’une telle rage, c’est bien entendu les erreurs et les errements d’une méthodologie pour le coup davantage artistique (et passionnelle) que rationnelle. Dès la case 3, il y avait des bateaux, ceux de la flotte de mon cher Telamon, prince de Salamine (oui, dans mon récit il est prince pas roi). J’avais griffonné, rapido, une esquisse de bateaux après m’être un peu documenté sur les navires phéniciens de l’antiquité. Ma documentation se limitant aux sources du net, et surtout essayant toujours d’avoir le meilleur rapport qualité/temps, j’ai multiplié des infos toujours assez vagues et surtout « visuelles ». Joueur d’Assassin Creed Odyssey, j’avais bien aimé les joutes navales (ah, foncer comme un fou à la perpendiculaire d’un navire pirate pour le sectionner en deux…), et j’étais parti sur l’idée d’un gouvernail avec une bonne vieille barre à la Albator (« c’est comme ça que se battent les pirates ! » – désolé, mon enfance me revient parfois par inadvertance). Vu que j’ai des gros projets pour l’Argo, le navire de Jason, j’étais aussi parti sur une sorte de design induisant des navires un peu « particuliers », trop modernes pour être antiques, avec un fonctionnement induisant des pilotes d’élite nécessitant les capacités d’un daïmon. J’avais donc fait un bateau de tête, un bateau « amiral », avec un look particulier que je continue à apprécier pour son coté presque joujou, pur et naïf. Mais avec le temps, pendant que je continuais le travail d’écriture et de confection de l’histoire, ces choix me paraissaient de plus en plus illogiques et surtout difficiles à introduire au début du récit. J’ai continué, durant des mois, à rechercher de la doc sur les navires phéniciens, et tout ça a mûri en moi, lentement.

J’ai fait un choix dans mon récit, qui est de ne pas opter pour le sensationnalisme, de refuser parfois le spectaculaire. Je sais que dans beaucoup d’histoires qui mettent en scène l’antiquité ou la mythologie, ça redouble de luxe et de sophistication… mais mon idée du monde que je mets en scène est davantage un monde plus brut et primaire. Il y a de l’art et de l’artisanat, mais je voulais montrer une civilisation qui émerge très, trop rapidement (pour être honnête). Cet aspect du récit découle du lore et de l’intrigue même, et c’est un choix vraiment raisonné et voulu. Par exemple, je mets en scène le palais thébain au début, et ce sera un mix entre un palais crétois et mycénien, décoré et agencé par des individus qui n’ont accès qu’à des options « limitées » en décoration ou en stylisation. Donc, pour les bateaux de Telamon, au fur et à mesure je les trouvais trop playskool (mais cool quand même) et aussi pas très pratiques et logiques. La grosse proue en métal rouge me faisait souci pour plein de raisons… comment a-t-elle été réalisée, quel poids fait-elle et du coup est-ce logique/jouable pour un navire aussi « simple » qu’un gaulos ? J’ai commencé à penser à une sous-intrigue faisant découvrir la chose par Telamon qui la place ensuite, opportunément, en tête de proue de son navire personnel. Mais je n’aime pas trop les deus ex de ce genre, surtout que rien ne me venait pour relier ça à un élément du lore.

Donc, après une grosse réflexion, j’ai entrepris de refaire/reprendre les cases où il y a ces navires pour en proposer une version plus simple et plus réaliste. J’ai complètement abandonné l’idée du gouvernail, c’est vraiment faire un bond dans le temps qui n’est pas « possible » dans mon intrigue. J’ai refait la case 3 de ma page 1 ce matin, et je suis très satisfait du résultat. Il y a plusieurs modifications à faire dans ce que j’appelle l’étape de post-production qui va consister pour moi à corriger et harmoniser l’ensemble.

Crédit image : Dimitris Vetsikas de Pixabay

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