ChatGPT et la mythologie grecque

Je ne vous ferai pas l’affront de vous expliquer ce qu’est la révolution de l’IA qu’est ChatGPT, et malgré tous les aspects philosophiques et techniques que ce domaine induit, je n’irai pas sur ce vaste sujet qui pourtant me passionne. Etant donné que je gère ce projet de manière très personnelle, je suis toujours en train de réfléchir comment optimiser, améliorer et surtout faciliter mes process (pour le coup, l’équivalent en français ne me vient pas). Du coup, je me suis demandé, concernant le travail de recherche propre au sujet des Cycles d’Ouranos, si je pouvais m’appuyer sur un outil comme ChatGPT pour me soulager un peu.

Alors, le bilan est à la fois positif mais aussi foncièrement négatif. Positif, car effectivement l’ensemble de scripts et de process qui font que cette « IA » (le terme me gêne beaucoup, car à mes yeux, il y a une surcapitalisation coupable… mais bon, j’ai dit que je ne philosopherai pas ce matin !) est effectivement bien plus performante que celles qui abondent depuis deux décennies (car les IA sur les tchat ne sont pas nées d’hier). De ce coté, c’est vraiment impressionnant, car je pense qu’avec une orientation malicieuse, elle pourrait donner le change longtemps avant que soit décelée la forfaiture (en bref, en incluant des « humeurs », soit des réponses intempestives et caractérielles, et la possibilité d’une heureuse initiative, en relançant la discussion par exemple). Enfin, j’écris ça en partant du principe que les êtres humains soit à la fois inspirés (avoir de la discussion) et maîtrisent leur idiome… ce qui en l’état n’est pas forcément gagné ! Je suis en train de me dire qu’une IA qui voudrait se faire passer pour humaine devrait intégrer de l’imperfection dans sa manière de s’exprimer… mais bon, j’ai dit que je ne philosopherai pas, mdr.

Bon, j’ai fait un test, peu concluant, sur l’aide que pourrait m’apporter ChatGPT, et ce n’est pas très probant pour l’instant. Je ne suis pas un expert en informatique, mais je me demande comme l’IA trouve et qualifie ses informations… mais ce n’est pas encore la panacée, comme les copies d’écran qui vont suivre vont le prouver. Attention, je ne tire aucune « gloire » à avoir piégé l’IA, ça ne retire rien à la prouesse technique de l’outil ! Mais nous sommes loin de ce que accomplir une intelligence humaine, simplement car le terme « IA » est juste une compilation de scripts qui se valident ou s’invalident selon la situation. « Avoir une opinion », en référence à une des réponses de l’IA, consiste justement à rendre réelle une intelligence qui ne soit pas une agrégation d’informations.

J’ai donc commencé par une question toute bête, qui est revenue souvent au fil des mois, sur ce blog, soit la qualification d’une information dans le domaine (sable)mouvant de la mythologie grecque :

Donc, ça commence mal, avec une erreur tellement grossière que pour le coup j’ai été à la fois déçu mais aussi surpris… la réponse est tellement fausse mais surtout assénée avec un tel dogmatisme que j’invite chacun à se méfier de la qualité des réponses proposées. En demandant de certifier la réponse, l’IA se corrige d’elle-même, ce qui peut induire deux choses : soit la source est pervertie (fausse info) soit il y a un schisme dans la retranscription sémantique (en bref, l’IA est passée toute seule de « Thébain » à « Troyen », même si ça me semble tiré par les cheveux).

Je ne m’arrête pas là :

A ce moment là, je vais avoir droit à de la pédagogie utile, me rappelant la polymorphie, la polysémie, des mythes grecs… Un peu comme un panneau d’informations légales qui rappellent tout le temps que les « faits présentés ici sont inspirés, etc. », permettant après de dire et inventer n’importe quoi. Soit. Mais juste pour être un peu taquin, notez que l’IA m’écrit qu’elle « va s’efforcer de le garder à l’esprit », supposant qu’elle ne se réfugie pas encore dans la réalité de son artificialité. Personnellement, je me suis dit que pour alimenter sa base de données, il serait intéressant de faire comme si je conversais avec un être humain, incluant de la tempérance et de la politesse. Ce qui ne me réussit pas avec Alexa qui à présent se fout de ma gueule avec une ritournelle cynique quand je lui dit « merci »… et oui, c’est dans l’air du temps de se foutre de votre gueule quand vous êtes simplement aimable.

Continuons :

Alors là ça devient intéressant, car nouvelle erreur, et pas petite… Alcmène fille de Créon ?! Ah bon ? Et comment ça ? Parce que là je commence à me demander où il tire son information. J’ai vu passer tellement d’erreurs et de confusion lors de mes recherches que je peux affirmer qu’il faut toujours vérifier une information plusieurs fois, en la croisant. Et même chez des universitaires (enfin c’est très très rare), des mythographes édités (j’avais vu une erreur dans le bouquin d’Edith Hamilton, souvent utilisé comme source) et encore plus chez des artistes qui, et c’est leur droit, n’utilisent un mythe qu’en prenant l’intrigue et en modifiant le reste (moi le premier). Ce que sort l’IA est quand même un carton rouge avec en son centre le symbole d’un danger nucléaire… donc je le relance gentiment :

Bon, gros pédalage au début que je laisse passer (quoi ? Amphitryon père d’Alcmène ?! On m’aurait menti ?!).

Et là, par rapport au lien entre Créon et Alcmène… je doute. Devant tant de certitude, devant ce dogmatisme confiant, je chancelle sur mes certitudes. Errare humanum est ! Donc, comme je l’ai fait ce WE dans mon train en vérifiant le numéro de ma place sur mon billet en constatant qu’une dame certaine d’elle était installée sur mon siège, je me suis excusé d’une potentielle erreur avant de vérifier, quand même, si ce n’était pas moi, être imparfait par excellence, qui pouvais avoir raison (on a fini par échanger nos places car la dame semblait contente d’être à la mienne – oui, je suis toujours accommodant) :

A l’évidence dans la performance de l’IA, il y a une grosse partie qui est réservée à la gestion de ses erreurs (inévitables) et des réactions de ses interlocuteurs. Enfin, il aurait été judicieux que la réserve précède l’information, en cela il y a quand même une fausse note… enfin, une petite valeur ajoutée en m’affirmant que si pour le père rien n’est sûr pour le mari c’est bon !

Je veux creuser la question du « consensus », car pour moi c’est resté une question primordiale lors de l’écriture de Cycles d’Ouranos… comment à la fois proposer un récit novateur et iconoclaste sans trahir pour autant les textes initiaux ?

Un petit enfonçage de portes ouvertes qui serait pourtant salutaire chez beaucoup d’amateurs de mythologie grecque, qui souvent t’agacent à détenir l’unique et grande vérité sans se douter que les légendes sont souvent des récits composites issus d’une multitude de source.

Je me dis qu’on a peut-être un angle d’attaque pour rendre l’échange plus intéressant :

« Il » (« elle » ?) ne garde plus rien à l’esprit, il avoue n’être qu’une IA et puis merde, si je suis de mauvaise humeur et que j’ai envie de m’en prendre à quelqu’un, il y a bien des êtres humains dans ma triste et petite vie qui peuvent encaisser ma condescendance facile. Soit. Mais comme le disait l’autre : « à moi, comte, deux mots ! » :

J’avoue que là ça m’a mis chafouin, car en résumé, il me dit crânement que la vérité d’un gars de nos jours est plus probante que celle d’un gars qui était bien plus proche (en terme spatial comme temporel) des événements que lui. Donc taupe là, je creuse :

Une version intéressante du « j’ai pas raison mais toi non plus », avec un déplacement du débat sur la disqualification de la pertinence de ma proposition. Mais je n’ai pas assénée une vérité, juste un postulat, donc je relance :

Epuisé, tremblottant de tant de neurones gaspillées, j’ai donc décidé de me contenter de cette petite victoire dialectique. Le bilan est donc pour le moins décevant du coté de la potentielle aide, car comme vous pourrez le remonter dans les échanges, deux énormes erreurs qui font que je doute profondément de la réalité de ceux qui prétendent que l’IA peut dès à présent proposer une qualité de réponse et de traitement qu’une bonne vieille intelligence bien humaine, même très moyenne (si l’idée d’une mesure de l’intelligence n’induit pas en soi, une certaine forme de médiocrité morale).

Reste MusicLM à tester, faut pas oublier que j’ai tout un marketing à organiser, donc si je pouvais avoir des musiques gratos et bien fun, en attendant d’avoir les moyens de payer des musiciens bien humains, ça serait pas mal. A noter que je pense, et j’annonce, qu’il va y avoir dans peu de temps une jurisprudence empêchant des « programmes » (arrêtons avec les IA) qui piochent et mélangent des oeuvres existantes, car oui, c’est bien du pillage, qui ne doit être réservé qu’à des entreprises amateures ou sans le sou (moi quoi !), et non utilisées par des personnes morales qui ont les moyens de rétribuer les créateurs initiaux.

Crédits image : Electric Dreams sur le site sens critique

Articles recommandés

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *