amphitryon-2021

Je sais que je ne passe pas assez de temps en ligne mais j’avoue que le projet avance tellement bien, et vite, que j’ai du coup tendance à me motiver à réaliser des choses plutôt que m’ébattre en ligne, même si l’exercice est toujours salutaire.

Il y a peu, on me posait la question des réseaux sociaux, quelle était ma stratégie voire mes habitudes. Très intéressante question, car en tant qu’expert en communication, les réseaux sociaux sont pour moi des leviers stratégiques qui sont ambivalents. Très utiles dans des logiques communicationnelles, peu viables dans une envie de communiquer (enfin comme je l’entends, dans une logique de fluidité de l’échange et pas dans l’entrelacs des impressions diverses). J’ai toujours aimé l’image de la place publique que j’utilise encore pour faire comprendre à quelqu’un de néophyte en la matière, ce que sont les réseaux sociaux. Etant un homme très pudique, voire secret, par nature je ne suis et ne serai jamais dans une logique d’exposition personnelle. Il m’est arrivé, encore, qu’on me demande pourquoi je ne montre pas ce que j’ai fait ou ce que je sais faire. Et pour le coup, c’est autant par pudeur que par une abominable exigence. Tout ce que j’ai fait pour moi est déjà derrière et ne parle plus de l’homme que je suis. Même pour ce projet, quand je regarde les premières planches, je me dis qu’il y a plein de choses que je referai différemment.

Je n’ai paradoxalement pas mis en ligne d’image(s) pour les derniers billets, et sincèrement par simple et pure flemme. Je bosse sur mes projets sur mon pc, mais c’est sur un chromebook que j’écris, confortablement installé, voire vautré, sur ou dans mon canapé, selon la position. Donc, j’ai rarement l’envie, le soir, après une journée à bosser, à retourner sur la machine devant laquelle je suis servilement assis tout le jour. Mais tout à l’heure, alors que je réalisais le draft de la page 34, j’ai eu le réflexe d’isoler une case car j’aime ce qu’elle révèle, ce qu’elle dit, ce qu’elle laisse à deviner. Sur cette case, on voit en partie le visage d’Amphitryon, un personnage qui d’anecdotique, encore une fois, s’est imposé à moi au fur et à mesure que je créais l’intrigue.

Amphitryon, au début de mon projet, c’est un peu le second rôle le temps de quelques scènes. Malgré tout, la polarité du personnage était pour moi « positive ». La polarité, dans ma méthodologie pour créer un personnage, c’est son inclination au bien ou au mal. Celle d’Amphitryon était définie, en soi, par son statut de faux père du héros. Il fait partie de toutes ces figures, innombrables, qui parsèment les récits mythologiques pour valoriser les héros principaux. Le premier déclic aura été en découvrant ses origines, son lien véritable avec Alcmène/Alkmène. Puis, je suis tombé amoureux de ce type un peu vieux, un peu largué, un peu dubitatif, un peu fatigué, qui malgré tout suscitait en moi une profonde émotion. Dans la première version du premier volume, j’avais ainsi écrit ses adieux à son fils ; des adieux émouvants car il n’y a aucun lien de sang et pourtant il y a des sa part tant d’amour, tant de sensibilité… Je trouvais ça beau, très beau, qu’on puisse aimer un enfant sans qu’il soit de soi… juste parce qu’il est là et qu’on le voit simplement comme un individu seul et vulnérable qu’on abandonne malgré soi. Amphitryon à ce moment là vit et subit son plus grand échec et à la place de l’homme que j’imaginais, je ressentais l’intense blessure de ne pas être celui qu’on voulait être.

De là, une vision de ce personnage a commencé à naître, et évoluer. Son importance n’a cessé de grandir et s’imposer. En dessinant cette case, j’ai été surpris de fixer ainsi son visage, un visage marqué par la vie, un visage qui dessine une âme. Alors voilà, ce sera ma vignette, ce sera la petite image à laquelle j’aurai pensé ce soir, le temps de mettre en scène un petit billet. Il est là mon Amphitryon, et il me passionne maintenant tellement que ça me donne l’envie de faire des spin off de sa vie, de son enfance, de ses errances… je ne peux pas tout dessiner, mais je peux écrire, la seule chose que je dois finement mesurer c’est le temps et mon énergie, choses qui s’amenuisent toujours malgré ma volonté forte de réaliser tout « ça ».

Alors à voir, car j’écris vite, et il n’est pas dit qu’Amphitryon ne devienne pas un jour un projet en soi.

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