Le premier volume des Cycles d’Ouranos, HERAKLISKOS, est un projet 100% indépendant car j’en assure, tout simplement, tous les postes, de l’écriture en passant par la réalisation, de la production à l’impression. Une démarche très personnelle qui, depuis le début, me tentait, même si je n’avais pas écarté l’idée d’une édition en passant par un processus plus classique. Le fait que je puisse prendre en charge de nombreuses problématiques simplement administratives et techniques m’ont finalement convaincu de tenter cette aventure en visant une parfaite indépendance… et c’est pour ces raisons que l’idée de valoriser le projet et la démarche par un petit logo me taraudait depuis quelques semaines, pour ne pas dire plus.
J’ai commencé par me faire un petit médaillon avec la mention « BD 100% indépendante » puis j’ai cherché quel symbole je pourrais utiliser pour illustrer le propos. Assez rapidement, l’idée d’utiliser le personnage de Cyrano de Bergerac m’a semblé opportune et pertinente. La pièce d’Edmond Rostand et son héros éponyme demeurent à mes yeux une référence essentielle dans mon humble parcours culturel. Cyrano de Bergerac est tout simplement à mes yeux un de mes héros de fiction préférés, et en bien des occasions je me suis identifié avec le noble mais malheureux gascon. Une même tendance à me battre sans forcément viser la victoire, une volonté tenace à défendre certaines idées et valeurs qui me tiennent à cœur, et enfin un appendice nasal qu’il aura bien fallu assumer en ces temps où les protubérances ne sont plus vraiment à la mode (si elles le furent un jour). La seule et notable différence c’est qu’à contrario de Cyrano, j’aurais une fâcheuse tendance à chercher le bonheur plutôt qu’à le fuir, et surtout, cette obsession du panache au détriment de l’amour demeure à mes yeux une mise en garde davantage qu’une inspiration.
Mais, il y a ce moment dans la pièce, quand déçu par la réalité des faveurs de Roxanne (qui vont à un autre), pérorant ses imprécations contre le système qu’il rejette, il a ses mots : « ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul ! ». Il y a du pathétique dans cette sortie, car comme le souligne Le Bret, son ami, à la tirade suivante, c’est bien l’aigreur et le dépit qui le poussent à ainsi se réfugier dans la révolte pour camoufler son chagrin… mais malgré tout il y a du vrai dans sa volonté de ne pas chercher à tout prix à convenir et plaire. En cela, le Cyrano de Rostand est toujours resté, à mes yeux, le symbole vibrant d’une indépendance farouche et fière. Alors en faire un personnage, un symbole, pour un chouette logo avec ces valeurs-là, m’a semblé idoine.
Quelques petites explications concernant les couleurs, celle du drapeau français, bleu blanc rouge… car je suis fier de ma culture et des valeurs de mon pays, bien malmenées en ces temps difficiles. J’ai eu l’idée de placer le drapeau tricolore en fond de médaillon, mais ça m’a semblé un peu cocardier, un peu trop « politique » pour une oeuvre qui n’a que la volonté de distraire et d’amuser. Alors je me suis réfugié sur les teintes de l’écharpe et du chapeau.
Je produirai des stickers pour placer au choix ce médaillon, mais je suis fier du résultat, content d’avoir donné naissance à ma propre version du personnage, dont je n’abandonne pas l’idée, un jour, de réaliser des aventures très personnelles, elles-aussi !