Bon… comme trop souvent depuis que je me suis lancé dans cette aventure (je dis maintenant « aventure » car le projet est trop avancé pour n’en rester qu’à l’évocation d’une ébauche), c’est compliqué de tenir un calendrier même avec la meilleure volonté du monde. Cette année 2023 aura été pour moi une sorte de course d’endurance que je ne veux pas perdre mais qui m’oblige, au fil des étapes, à considérer l’arrivée non comme un accomplissement mais bien comme la fin d’une première grosse partie. Cette partie inclut la réalisation d’un solide arsenal marketing dont la refonte du site. J’avais lancé fin 2020 début 2021 le site internet actuel, davantage pour commencer une stratégie de référencement naturel que pour débuter une réelle présence en ligne. Alors que je dois imminement lancer le premier volume, collector, des Cycles d’Ouranos, il me faut une « vitrine » présentant de manière convaincante l’histoire et pour cela je me suis remis à la création de site, sachant que c’est un exercice que j’ai commencé il y a plus de 20 ans de cela… je me suis mis d’accord avec mon fils pour avoir un peu d’aide (c’est le but de son cursus scolaire où il excelle) mais à l’arrivée j’ai découvert des outils qui m’ont permis d’obtenir un résultat plus que satisfaisant… j’avais tablé à la base à une fin de chantier (pour la refonte du site) à mi-octobre, mais ce jour, début novembre, je peux estimer être à environ 50% du processus. Pour cause de possibilités que j’ai découvertes lors de la réactualisation de mes compétences en webmastering (c’est le terme désué que j’utilise depuis très longtemps pour évoquer à la fois les fonctions de création et de gestion d’un site), qui me permettent d’obtenir un résultat bien plus spectaculaire qu’attendu. Je dois avouer que j’ai même dû refréner l’abus d’effet car comme un gosse j’ai eu le premier réflexe d’en abuser un poil, avant de me rendre compte que comme toujours, qui trop enlace mal embrasse. Mais je suis très satisfait de ce que j’ai « refait », sachant qu’en plus du coté peinture de la refonte, il y a aussi un énorme travail de réécriture pour coller aux changements et mises au point réalisés depuis le lancement de ce site « chantier ».
Il y a deux jours, alors que j’achevais la grosse, grosse, partie « Personnages » pour entamer la page « Concepts » j’ai pris la décision de créer des petits logos pour chacun des éléments de cette partie… Petit boulot infographique pour créer des médaillon, j’ai le mérite d’avoir les idées claires et d’aller vite à présent, mais hier j’ai dû faire face à un petit dilemme avec un menu à 11 entrée divisé en deux lignes de 6 icônes. En bref, j’avais une case vide dans mon menu graphique et depuis ma profonde enfance, avec une intense passion pour les legos, j’ai une petite prédilection pour les affaires symétriques. Je devais avoir entre 5 et 6 ans quand j’ai conclus qu’une construction ne valait la peine qu’en équilibrant la gauche avec la droite, et depuis je dois avouer que je ne cède que rarement aux plaisirs subtils de l’asymétrie. Donc là, 11 entrées… même si par rapport à mon défunt père (dont le chiffre 11 était sa douce obsession numérologique) ça pouvait le faire, ma puérile convention m’a motivé à rajouter une entrée, une nouvelle potentielle page.
Mais il faut comprendre que si je suis fier des 11 premiers concepts de l’histoire, je sais aussi que dès le début de mon histoire je demande au lecteur un véritable effort d’assimilation et de compréhension. Quand j’ai élaboré le premier volume, j’avais déjà créé une tonne de matériel (personnage, concepts, éléments scénaristiques et prédiégétiques) mais j’ai décidé de limiter la narration à moins de 15 personnages principaux et d’introduire les concepts à petites doses. Malgré tout, j’ai toujours l’impression d’en demander beaucoup au lecteur et c’est pour ça que par ailleurs j’ai introduit beaucoup de précisions dans la version collector « ZeuS » en annexe à la BD. Une douzième entrée était alors assez problématique car je ne voulais pas créer un concept sorti du néant et je ne voulais pas non plus en introduire qui ne soit pas cité au début du récit.
Rapidement, l’Agon m’est venu en tête, sachant que si j’en parle succinctement dans les premières pages d’HERAKLISKOS, je n’avais pas développé plus amplement le principe. L’Agon, l’agôn avec l’accent pour convenir à la manière dont on l’évoque à l’ordinaire est un concept gigogne qui inclut énormément d’idées et de notions. Mais dans les Cycles d’Ouranos, je le limite volontairement à l’idée d’une expression de sa valeur réelle identifiée, réifiée, concrétisée, au moment d’une intense crise qui survient, à l’ordinaire dans mon intrigue, à l’occasion d’un affrontement martial durant lequel la vie des combattants est en jeu. Pour être honnête, j’ai découvert pour ma part le principe de l’agôn à la lecture d’Olympos de l’excellent Dan Simmons qui reste un de mes auteurs préférés. Souvent, quand j’essaie d’analyser mes propres fascinations, la construction de mes idées comme de mon inspiration, je constate que pour un passionné de la culture hellénistique, je paie un constant tribut à mon habitus. Je regrette de ne pas avoir bénéficié d’un apprentissage notamment en grec ancien, que j’aurais adoré enfant et qui à présent m’est impossible pour cause de temps. J’ai tenté, au début du projet, de m’y mettre, avant de constater que cela me demandait, me coûtait, une charge supplémentaire de travail, impossible à supporter. Alors j’ai gratté des idées, j’ai lu et relu des analyses profondes d’hellénistes avertis, notamment sur le génial site persee.fr, mais je regrette toujours de ne rester qu’à la surface d’un océan dont les abysses sont passionnantes et inspirantes. Dans les Cycles d’Ouranos, je tente quand même d’initier le lecteur, de l’encourager, à découvrir l’héritage sublime de la Grèce antique. Passionné par ma langue maternelle, en permanence j’ai le bonheur d’explorer l’étymologie de certains mots dont souvent la signifiance s’en retrouve profondément renforcée.
Pour revenir à l’agôn, l’Agon que j’en ai fait est donc l’héritage de ce que décrivait Simmons dans son roman que j’invite par ailleurs à lire comme une variation passionnante des mythes grecs, notamment l’Iliade, dans un univers SF. Je sais pour ma part ce que je lui dois dans la création de ma propre intrigue, et qui lui sera rendu en son temps. Comme toute influence culturelle qui réduit la chose à un ingrédient dans la concoction scénaristique d’un auteur, elle n’en demeure pas moins une idée déjà maniée par d’autres, déjà façonnée par d’autres, et même si un auteur doit s’en emparer pour se l’approprier, il ne reste pas moins un processus d’affinement que l’humilité première motive à clarifier. Heureusement, ma passion (encore une autre !) pour la chose/cause sociologique, ce type de réflexion introspective me motive aussi beaucoup (d’où ce blog par ailleurs).
L’Agon dans les Cycles d’Ouranos, comme le dit clairement et simplement Oedipe au début du premier volume, est donc la valeur d’un individu, évaluée par le prisme de l’Anadoxa, un code moral et éthique qui a pour vocation d’obliger les Epigones à se conformer à une philosophie existentielle, principe qui sera bien entendu déformé et perverti comme seul l’esprit humain peut le faire avec toute la créativité dont il est capable. Mais cette idée un brin fantasque, que j’aime, c’est que des individus ambitieux dans une idée d’élévation tant morale qu’intellectuelle, se soumettent volontairement à des critères qui les motivent comme les récompensent dans cette voie particulière. Une voie qui fait que la victoire importe moins que la manière, qui empêche l’instinct primal de prédation et de la vile jouissance de la pathétique domination. L’emporter sur un adversaire de moindre force en devient un malaise, une bassesse… par contre, résister ou même perdre devient une gloire quand le courage et la dignité l’emporte sur l’instinct de survie. L’Agon se forge à son paroxysme quand deux combattants sont de force égale. Car alors la dureté, l’âpreté poussent les individus dans leur retranchement, créant les conditions idéales d’une Aristeya. Cette révélation dans l’extrémité, ce repoussement des limites avec l’enjeu de sa propre vie, c’est l’Agon dans les Cycles d’Ouranos. Des moments ultimes qui changent à tout jamais ceux qui s’y obligent. Car j’ai pour idée de mettre en scène que le dépassement des limites personnelles sont autant de portes, autant d’accès à une forme de clairvoyance qui impactent nécessairement tout individu qui en fait l’expérience. Faire le choix du courage, faire le choix de l’abnégation, préférer une idée ou un idéal à sa propre survivance, font qu’un être ne voit plus, fondamentalement, les choses de la même manière.
C’est aussi cette philosophie, très personnelle, qui m’a amené à vivre cette aventure et je voudrais, très positivement, parvenir à l’exprimer tout au long de mon récit.
Crédit : image de tête créée par IA avec Nightcafé !