9° Kréon et Mégara dans les Cycles d’Ouranos

kreon et megara dans les cycles d'ouranos

Je l’ai déjà répété dans des billets précédents, mais Kréon est l’archétype du régent dans les récits mythiques grecs. Et pour cause, présent dans la légende d’Oedipe comme celle d’Heraklès, il semble parfois omniprésent et toujours disponible pour assumer la direction de la cité-état de Thèbes. A l’évidence, sa légitimité n’aura jamais été remise en question car il semble retrouver ses fonctions entre deux périodes de gouvernance alternative, notamment lors du conflit entre les fils d’Oedipe. Un conflit que j’évoque brièvement dans le premier volume avec la citation de Laodamas, fils d’Etéocle. Dans le premier volume, Kréon fait référence à une tragédie, et c’est bien le conflit fratricide qui provoquera la mort des deux successeurs d’Oedipe, Etéocle et Polynice. Au moment où débutent les faits rapportés par Heraklès, Kréon assure donc la régence durant l’enfance de Laodamas, et lorsqu’Oedipe désigne Alkideus comme futur monarque de la cité, il spolie directement et très volontairement son petit-fils, ce qui pousse Kréon par ailleurs à lui faire la remarque.

Ce premier volume est à mon sens très dense en informations, et j’aurais préféré pouvoir gérer différemment la gestion de toutes ces informations… mais à vrai dire, me limitant au format standard des 48 pages, c’était très chose très compliquée. Je me pose encore la question de proposer une sorte de présentation géopolitique en amont du premier volume, car je voudrais vraiment poser les bases de cet univers qui, je le rappelle, s’inspire du monde grec antique sans pour autant en appeler à la totale historicité. L’exercice toujours difficile de la fidélité et de la liberté, mais j’avoue que me dégager de toutes contraintes pour n’en faire qu’à ma guise n’était pas valable dans le cadre de ce projet qui se veut à la fois respectueux des mythes mais aussi de leur contexte. Kréon, l’air de rien, est un personnage qui fait le lien entre différentes légendes, principalement le mythe d’Oedipe, celui d’Heraklès, et enfin ceux des 7 contre Thèbes (père et fils), qui se déroulent juste avant les événements liés à la guerre de Troie. Kréon est toujours décrit de manière très contradictoire, passant de la bienveillance au despotisme sans que soit vraiment clarifiée cette schizophrénie – petit détail que je me suis empressé de saisir en présentant un personnage qui dès le premier volume se caractérise par son évidente ambiguité.

Il est à noter un petit détail qui en soit signifie beaucoup : Kréon est dans le premier volume des Cycles d’Ouranos, principalement vu de face, et quelques fois en 3/4. Son expression est toujours la même, à de fines exceptions près, ce qui n’est pas innocent. Pour le coup, il incarne volontairement un archétype, celui du bon sous-fifre, toujours conciliant et volontaire, mais ne serait-ce pas une façade dissimulant une vérité bien plus complexe ?

A noter que j’introduis, dans le premier volume, sa fille Mégara, qui très directement propose au futur Heraklès de devenir son épouse dans un lointain futur, très fantasmé. Le moment n’est pas anodin car il dévoile beaucoup de l’ambition de cette petite fille qui reste, malgré tout, la fille de son père. Celle qui va devenir la première compagne d’Heraklès est également un personnage plus complexe qu’il n’y paraît, que je voulais déjà introduire pour signifier les enjeux et les attentes reposant sur les frêles épaules du petit Alkideus, et ce dès son plus jeune âge.

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