ReginHart J’évoquais dans un billet précédent l’importance que j’essaie de donner aux personnages féminins dans mes intrigues, pour les sortir notamment du bourbier de la valorisation des protagonistes masculins. Il est souvent intéressant et amusant d’analyser des films du cinéma durant la seconde moitié du XXème siècle, mettant à jour le sort dévolu aux femmes souvent réduites à ne servir que de trophées à des mâles majoritairement victorieux.
Il y a eu un changement personnel de point de vue entre l’élaboration du premier projet et celui ci sur la grande question de l’amour comme thématique moteur d’une intrigue. J’avais tendance, avant, à donner une nette et grande place à ce beau sentiment, car le romantisme et la passion étaient à mes yeux des quêtes qui permettaient d’accéder à une certaine expression du sublime. A présent, je serais moins enclin à y céder car je me suis rendu compte que l’amour n’est pas dans cette histoire le pivot qui me permet d’articuler tout ce que je veux raconter. Et honnêtement, pour bien écrire sur l’amour il faut, à mon sens, en faire son seul et unique sujet, phagocytant les autres thématiques pour ne les réduire qu’à de fonctionnelles intrigues. A l’encontre, relater un lien amoureux, dans une intrigue complexe, c’est la condamner à n’être qu’un cliché, qu’un rouage parmi tant d’autres ; il faut se méfier de céder à la facilité du couple parfait ou du cocufiage vulgaire. J’aurais davantage envie de mettre en scène des amours complexes ou contrariés, car ce sont les seuls qui dévoilent la réalité des personnages et surtout qui présentent un réel intérêt narratif. Rien de plus beau et de plus ennuyeux qu’un amour parfait, et de plus triste et banal qu’une triviale trahison ! Je souhaite à chacun de vivre l’amour absolu, mais sa rareté fait aussi qu’il faille concéder que c’est une grâce qui rend bien fades les personnages d’une intrigue. Quant à la tromperie, elle est pratique pour dévoiler la duplicité d’un personnage sans le rendre pour autant intéressant.
Concernant Phix, la question ne se pose même pas car pour ce personnage il n’est point possible de ressentir un sentiment de manière égocentrique. Phix incarne la justice, la justesse, elle est la noblesse faite femme. Il y a un mystère derrière son apparence léonine, sa forte carrure et son apparente froideur. Surtout, je l’ai voulue bien plus grande et imposante que les hommes qui l’entourent. Elle n’apparaît que dans quelques pages dans le volume 1, mais ses interventions sont toujours marquées par l’autorité qu’elle dégage. Son nom, Phix, est un mystère d’opérette, car une recherche rapide permet de déterminer que sous ce nom est désignée la fameuse Sphinge dont Oedipe triomphe en répondant à sa fameuse énigme.
Donc, que s’est-il passé vraiment ? Pourquoi escorte-t-elle celui qui l’a vaincue ? Quid de son apparence, certes léonine mais pas non plus chimérique ? Des questions qui trouveront leurs réponses par la suite, car Phix est amenée à devenir un protagoniste primordial, possédant par ailleurs certaines réponses qui viennent directement du lore de l’histoire… qu’elle a vécu personnellement.
Un petit aveu facétieux pour le choix des couleurs, je me suis inspiré d’une de mes montures favorites dans le mmorpg World of Warcraft, le gardien ailé ! Le bleu sombre de son armure évoque pour moi la profondeur et la gravité inhérentes à ce personnage, et sa peau pour le moins mate évoque sa vie aventureuse et périlleuse. Enfin, la couleur de ses yeux renvoie à un autre personnage du premier volume avec lequel elle partage plus d’un secret.
Dans le second volume, on la verra participer à une rencontre stratégique, qu’elle évoque un peu au cours du premier volume. On comprendra aussi que l’intervention des Olympiens, à la fin du premier volume, profite certainement de son absence, car la puissance de Phix n’est pas du faible niveau d’un simple épigone comme Amphitryon ou même Œdipe.
