2° Nestor dans les Cycles d’Ouranos

Nestor et Alkideus dans les Cycles d'Ouranos

Pour créer le scénario des Cycles d’Ouranos, j’avais à cœur à la fois d’être fidèle aux mythes originels tout en faisant preuve d’audace et d’inventivité. La raison étant simple, réussir à surprendre des lecteurs avertis comme je le suis, sans pour autant les prendre pour des abrutis en usant de Deus Ex Machina trop faciles. Je suis parti d’un simple postulat de départ que j’ai immédiatement adopté comme règle : ce qui n’est pas dit n’est peut-être qu’une omission et certains événements camouflent peut-être certaines vérités cachées.

Une des thématiques des Cycles d’Ouranos est donc la fratrie, et par extension la fraternité.

Petite considération en passant : ma fille, plus au fait que moi de certaines réflexions progressistes m’aura appris le terme « adelphité » quand j’évoquais à voix haute le genre (masculin) de ce concept qui peut, effectivement, être ressenti comme une forme d’accaparement- mais dans mon récit, me servant des mythes grecs où le genre féminin est largement dominé par le masculin, la fraternité est malheureusement toujours plus adapté à mon propos, pour la bonne (ça parle essentiellement de rapport entre hommes) comme la mauvaise raison (le terme induit une exclusion bien réelle). Fin de la considération en passant.

C’est pour cette raison (la fraternité) que j’ai également pensé le récit dans la logique des buddy movie. Et plus précisément, dans ce premier arc du premier Cycle d’Ouranos (pour info, la guerre de Troie est le second arc), pour la première génération de héros, j’ai voulu confronter des « paires » de personnages ; en résumé, un groupe d’amis, compagnons d’arme, qui développent malgré tout une amitié particulière, assimilable à une fratrie. Concrètement, à la fin du volume deux de la partie Herakliskos (Afeleia), le lecteur découvre les 3 premières fratries ; deux par les liens du sang, avec Kastoreus + Poludeukès et Télamon + Peléus ; la dernière à venir avec Alkideus (futur Heraklès) et Nestor.

J’ai déjà expliqué que proposer une énième histoire d’un héros surpuissant, solitaire car trop solaire, ne m’intéressait pas. Au contraire, c’est bien la fragilité, la vulnérabilité qui m’intéressent dans ce genre de cas. Et sans avoir imaginé davantage de choses, je trouvais l’idée de ce duo d’amis, Heraklès la grosse brutasse et Nestor le doux compagnon, très stimulante. C’est ainsi qu’il m’est venu par la suite la suite d’événements qui vont sceller cette amitié puissante, les deux trouvant chez l’autre une complémentarité à sa propre nature. Pour Nestor, c’est cette force de la nature, c’est ce courage, cette puissance imposée qui crée d’abord de l’admiration puis de l’inspiration. Pour Heraklès, c’est cette fragilité rendant le courage plus difficile qui crée l’émotion de constater que la force ne vient pas seulement des muscles mais aussi de la volonté.

J’ai ainsi imaginé Nestor comme une sorte de compagnon invisible, un gardien discret qui est aux cotés de son ami aux pires moments de sa vie pour le sauver de lui-même. J’ai pensé Nestor comme ce providentiel compagnon qui vient vous tirer de l’embarras quand tous vous tournent le dos. Un être faible au prime abord qui se révèle par la suite le plus précieux des alliés. Souvent, quand j’essaie de décrire la relation entre les deux personnages, j’aime à dire qu’ils sont mutuellement la force de l’autre.

Les Cycles d’Ouranos mettant en scène des capacités surhumaines, c’est avant tout celle de la suggestion qui est le don naturel de Nestor. Qualité qu’on retrouve par ailleurs dans la description homérique d’un homme âgé qui continue, malgré tout, d’être écouté et entendu par les pourtant fougueux combattants de l’Iliade. J’avouerai facilement l’influence et la référence à la saga Dune dont je suis un fervent et encore vibrant lecteur. A l’instar de l’ordre des Bene Gesserit, le pouvoir premier de Nestor repose dans sa capacité à influencer les humeurs et les intentions de ses cibles. Un pouvoir bien utile quand il faudra apaiser la fureur d’un ami de plus en plus possédé par ses démons comme ses bas instincts.

Pour conclure, au niveau de son apparence, je l’ai voulu contraire à l’idée qu’on peut se faire d’un jeune premier. Même si personnellement, je trouve ses yeux tombant et ses petites joues de hamster irrésistibles. Il est intéressant enfin de dire que Nestor est un des rares personnages qui seront actifs dans les deux arcs ; même s’il est prévu de croiser notamment Télamon et Peléus à un âge avancé, ces derniers vivent à présent loin des champs de bataille où Nestor vient se perdre avec son jeune fils Antilokos.

Image de tête : un très vieux dessin de Nestor et Alkideus qui doit dater de 2017 ou 2018, bien avant que je reprenne ce projet devenu BD.

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